Chloé est la fondatrice de .YGUNO, une marque de vêtements artisanale, made in France et surtout zéro déchet. Ses pièces se démarquent par leur coupes originales, directement issues du concept de zero waste design. Au travers de .YGUNO, Chloé questionne notre rapport à la mode, à la matière comme une ressource qui ne doit pas être gâchée.

Avec elle, on va dérouler le fil de sa vie, parler de ses inspirations et de l'impact qu'elle souhaite avoir sur le monde.

On va évoquer ensemble son processus créatif, son rapport à la matière et la position qu'elle prend en tant que jeune créatrice.

 

Bonne lecture !

 

Pour commencer, peux-tu te présenter s'il te plaît ?

Je m'appelle Chloé, j'ai 20 ans. J'habite actuellement à Strasbourg mais je suis originaire de Normandie. Je me suis dirigée assez tôt vers ce que je voulais, l'art et le design m'ont toujours passionnée. Dès le lycée, j'ai fait un bac arts appliqués. C'était un peu le parcours logique pour moi qui dessine depuis toute petite. C'est au lycée que j'ai découvert l'univers de la mode qui m'a conduit ensuite à faire un BTS design de mode, et c'est dès la fin du BTS que je me suis lancée dans .YGUNO. Dans le même temps j'avais commencé une licence en cinéma, mais je suis partie 6 mois plus tard. Ça me frustrait trop de ne pas pouvoir m'investir à fond. C'est sans regret parce que ça m'a amenée à faire des rencontres et travailler pour des courts métrages en leur trouvant des costumes. Ça me permet de varier avec mon quotidien où je suis toute seule chez moi en train de coudre toute la journée !

Si tu pouvais dire quelque chose à Chloé jeune adolescente, que lui dirai-tu ?

J'aurai deux choses à lui dire. Ça peut sembler paradoxal mais le premier c'est : fonce, lance toi ; et le second : acceptes la critique, prendre en compte les avis et les remarques extérieur parce que ça t'aide à grandir.

Quelles sont les rencontres/évènements clé de ta vie, qui font qui tu es aujourd'hui ?

J'ai deux évènements en tête. Le premier c'est une conférence donnée par Mylène L’Orguilloux à laquelle j'ai assisté. C'était au sujet du Zero Waste Design et pour moi c'était un peu le déclic. L'écologie à toujours été un sujet important pour moi, et réaliser que je pouvais l'allier à la mode a vraiment marqué un tournant. Le deuxième est un voyage que j'ai fait à Montréal. C'était une première fois sur beaucoup de points et j'ai découvert énormément de choses.

Où puises-tu tes inspirations, de quoi est constitué ton univers ?

Je n'aurai pas d'artistes ou de références à te donner, c'est assez instinctif enfait. Je puise essentiellement mon inspiration dans ce que je vois autour de moi. Quand je faisais mes études, j'aimais me lever de ma place et passer entre les tables et regarder les dessins des autres élèves, ça me nourrissait beaucoup créativement. Aujourd'hui, avec le zéro déchet c'est différent : Les formes des patrons doivent s'emboiter pour correspondre à cette contrainte et par conséquent ça influe directement sur les formes générales des modèles. c'est un vrai travail simultané entre le dessin et le patronage. Le zéro déchet, c'est une des solutions possibles pour faire des créations éco-responsables. Je ne dis pas que c'est la solution vers laquelle tout le monde devrait tendre, mais c'est celle que j'ai choisi et que l'adore car c'est challengeant et ludique, un peu comme un jeu, un puzzle !

Je trouve qu'on recèle comme une inspiration japonisante dan ton travail, est-ce le cas ?

Je ne m'inspire par particulièrement du japon mais c'est vrai qu'on peut y voir un lien. C'est enfait parce que les coupes traditionnelles japonaises, de kimono par exemple, sont crées selon le principe du zéro déchet, cela explique pourquoi je partage avec des formes communes.

Quel est la partie de ton activité qui t'apporte le plus de plaisir/satisfaction ?

La conception d'une nouvelle collection ! Faire des moodboards, imaginer l'univers, les formes, les couleurs... C'est là qu'apparaissent les premiers dessins. C'est une étape qui peut me mettre dans une espèce de transe, à en oublier de manger, sans voir la journée passer...

J'ai vu que tu fais de la sérigraphie, tu as appris à ton école ?

Pas du tout ! J'ai acheté le matériel et j'ai ensuite appris à faire, sur internet c'est simple et tu trouves vite des conseils à droite à gauche. Le pire qui pouvait m'arriver c'est : je rate complètement ou alors ça ne me correspond pas, et dans ce cas là, pas de drame, j'aurai revendu mon matériel ! Faut accepter d'avoir des ratés au début, il y a un coup de main à prendre mais c'est important de ne pas avoir peur de cette phase d'expérimentation.

Si tu avais un message à diffuser à des millions de personnes, quel serait-il ?

Ça peut paraitre contradictoire avec ce que je disais tout à l'heure mais "Arrêtez de trop prendre en compte ce que les gens disent". Si jamais j'avais trop écouté les avis des autres, notamment par rapport à mon âge, j'aurai pû douter de moi et tout aurai été plus long. Alors qu'au contraire : je me sentais prête quand je me suis lancée. C'était le moment. Plus j'aurai repoussé ce moment, plus j'aurai eu peur, plus j'aurai stressé. Et puis j'ai toujours été pressée, j'ai un an d'avance scolairement donc je suis entourée de personnes plus âgées. En plus, mon entourage m'a énormément soutenue, et ça c'est un vrai moteur pour évoluer plus vite.

Quel impact souhaiterai-tu avoir sur le monde ?

J'aimerai permettre une prise de conscience sur le vrai coût de la mode. Acheter un tee-shirt à 3€ c'est normalement impossible. Derrière ça, se cachent des conséquences écologiques mais surtout éthique qui sont abominables. Aujourd'hui il faut réapprendre à mieux et moins consommer, réapprendre à prendre du plaisir à garder ses vêtements plus longtemps, réapprendre à investir dans des pièces qui dureront des années.

De quoi as-tu hâte ?

J'ai hâte d'imaginer la prochaine collection, je vais prendre ma meilleure amie en stage et on va bosser dessus ensemble. On a trop d'idées, ça va être hyper stimulant et je sens que ça va me motive à fond ! Et en regardant un peu plus loin, j'ai hâte de faire un pop-up store ! Tout me passionne dans cette idée : rencontrer les gens, faire la déco du lieux... J'imagine faire ça dans 1 an.

Qui aimerai-tu voir interviewé ?

  • Atelier Vermeil : Elle est designer textile et elle upcycle des vieilles toiles pour repeindre par dessus

  • Phénomène rare : Elle tient une boutique de vêtements vintage et j'adore son univers graphique

 

Retrouvez le travail de Chloé sur son site internet yguno.fr et sur instagram sous le nom @_yguno


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